Confiance en soi
Il y a peu, Corinne a fait paraître sur son blog un billet sur l'Estime de soi.
Un sujet vraiment intéressant, notamment lorsqu'elle parle du "matraquage visuel médiatique" culpabilisant et qui n'aide pas à l'estime de soi. Réflexions qui me rappellent aussi des échanges avec Claire.
Je n'ai pas beaucoup bloggué ces derniers temps, j'ai laissé passer la réponse. En fait, pour donner quelques nouvelles, j'arrive à six mois et demi de grossesse. Je me sens mieux après une période où j'ai dû lutter contre divers virus qui m'ont bien fatiguée. Mais le soir après le travail, me remettre à l'ordinateur est au dessus de mes forces...
Je n'ai pas répondu non plus car ce que j'avais envie de dire ne se résumait pas en quelques mots.
En fait, cette notion d'estime de soi m'a fait penser à mes connaissances, et à la perception qu'ils me donnent de leur propre estime.
J'ai l'impression que ce n'est pas ceux à qui la vie a le moins fait de cadeaux, qui ont le moins d'estime pour eux mêmes.
Comme si rencontrer des barrières les avait aidé à construire leur personnalité. A moins que la différence ne leur ai donné la force de dépasser les apparences ?
Voici quelques portraits, les prénoms ont été changés bien sûr.
- Géraldine, 28 ans, jeune femme vive, née avec une malformation d'un bras. Qui a passé son permis et conduit des voitures avec boîtier automatique. Qui travaille dans la gestion dans une région où trouver un emploi n'est pas chose simple. Qui a rencontré un apprenti cuisinier qui est devenu son mari il y a huit ans, leur fille a maintenant six ans.
- Bénédicte, 35 ans, belle brune dont la démarche trahi, à qui prête attention, le fait qu'elle n'a qu'un pied. Qui a fini par trouver un homme qui n'avait pas honte d'elle à la piscine ou à la plage lorsqu'elle enlevait sa prothèse. Ils viennent d'avoir leur deuxième fils. Après avoir testé la planche à voile, elle rêve de faire du parachutisme.
- Tina, 35 ans, franchement en surpoids et avec un passé lourd d'une famille qui lui a toujours fait croire qu'elle était fragile et capable de rien. Qui a fini par larguer un mari qui la méprisait. Qui a repris des études pour avoir un travail intéressant. Qui s'est battue contre sa belle-famille pour récupérer la garde de sa fille. Qui a rencontré un nouvel homme avec qui refaire des projets de vie commune. Qui ose se mettre en maillot de bain pour aller à la piscine régulièrement, et trouve cela bien agréable de nager...
- Gérald, 41 ans, le bel homme aux cheveux noirs qui ose enfin se dire que s'il n'arrive pas à fonder une famille comme monsieur tout le monde, ce n'est peut-être pas très grave. Qui arrive enfin à dire qu'il se sent bien dans sa vie de célibataire. Qui fait de nouveaux projets dans cette vie sans culpabiliser de ne pas les faire à deux.
- Jeanne, 40 ans, brune, harmonieusement proportionnée, mais qui pense toujours être trop grosse, pas assez bien, célibataire, et qui de toutes façons a baissé les bras. Trop tard maintenant, "aucun homme ne s'intéresserait à moi". Est-ce pour être sûre de ne pas être déçue ? Elle dit qu'elle est trop difficile de toutes façons.
- Dany, 37 ans, grande blonde et mince. Qui a vécu un terrible
abandon à la naissance et à bien du mal à s'en remettre. Qui semble toujours trouver incroyable qu'un homme l'aime, même si ce n'est pas toujours pour sa sensibilité et son intelligence. Alors qui se lance dans des histoires amoureuses dont elles ressort si souvent déçue.
- Vincent, 34 ans, le genre de mec sympa, mignon et plein d'humour, qui en rajoute peut-être un peu parfois. Parce qu'il ne se sent pas sûr de lui ? Qui a perdu son boulot mais ne cherche pas vraiment. Qui semble vivre sa solitude comme une fatalité, laissant glisser sa vie derrière une console de jeu.
En repensant à toutes ces personnes, à ce que je sais de leur vécu, j'aurais tendance à dire qu'avoir une apparence extérieure proche de celles qu'on trouve à la télévision ou dans les magasines n'est pas un gage d'estime de soi.
Il me semble qu'un enfant en qui ses parents ont eu confiance, malgré les apparences, et qu'ils ont poussé à progresser sans à priori (le cas de Géraldine est le plus flagrant) et à dépasser les obstacles, est bien mieux armé en estime de soi que le plus bel enfant qui viendra illustrer les magazines de mode.
Pour ceux qui n'ont pas eu cette chance, et je pense à Tina et Gérald, il faut avoir eu le courage de creuser sa vie, son enfance, de comprendre où est la faille, pour arriver à la dépasser.
Et à regagner l'estime de soi que tout un chacun mérite...