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La bobine d'Ariane
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19 février 2007

Filiation

Peu de temps après mon billet intitulé "les cheveux noirs", ou il est question d'un ami découvrant sa filiation à 32 ans, je lis sur internet la nouvelle suivante : "Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées samedi place du Trocadéro, pour réclamer la suppression de l'accouchement sous X et du secret de la filiation". Ils veulent sensibiliser les candidats "à la souffrance des enfants sans filiation".
Ce combat m'interpelle. D'abord qu'est-ce que la filiation ?

Pendant mon enfance, à propos d'une cousine adoptée, on m'avait dit qu'elle le savait, mais que ses vrais parents, ce sont ceux qui se sont occupés d'elle. Je trouvais cela beau.
Au lycée, je rencontre une amie qui, elle aussi, sait qu'elle a été adopt
ée. Je me rend compte de la difficulté qu'elle a à le vivre. Cet abandon qu'elle a vécu tout bébé, c'est comme si elle s'en souvient encore. Marqué dans sa chair. Cela marque toutes ses relations aux autres. Je la vois toujours, souvent, et je constate que sa vie tourne beaucoup autour de la peur de cet abandon. Elle en est consciente, mais c'est tellement ancré profondément chez elle.

Arrivée à l'âge adulte, elle a cherché à comprendre. Elle a cherché son dossier, elle a fini par le trouver. Il était vide. Marqué d'un X. Déception bien sûr. Et s'il n'avait pas été vide ? Aurait-elle trouvé des réponses à ses questions ? Une réponse peut-elle effacer sa douleur ?
Rencontrer une personne dont la vie a toujours été étrangère à la sienne, ne rien trouver de familier dans cette personne, c'est risquer aussi une profonde décepti
on.

Depuis que je la connais, ce sujet m'interpelle. Parce que cette amie, même si je n'ai aucune filiation commune avec elle, j'ai l'impression que c'est ma soeur... Le texte ci-dessous la concerne.

08_Etang_Arcachon_cigogne

Elle est là, la réponse. Devant elle. Proférée il y a un instant par son médecin. Elle est enceinte.
Le même médecin qui lui disait qu'elle aurait des difficultés à enfanter lui annonce aujourd'hui qu'elle attend un enfant. Malgré le contraceptif, mais elle a peut-être oublié de le prendre, une fois, et de toutes façons elle pensait qu'elle aurait du mal à en avoir. De toutes façons, la maternité ce n'est pas pour elle. Elle n'en a pas envie, et encore moins dans ces circonstances.

Pourtant, les derniers mois, elle sentait bien quelques changements dans son corps. Elle avait attribué cela à l'arrêt de la cigarette. Maintenant elle sait pourquoi elle a arrêté de fumer. Et là, elle commence tout juste à réaliser...
Elle comprends ce qu'on lui dit, mais elle n'accepte pas. Elle reçoit les informations, en état de choc, et repense à cet homme que depuis elle a quitté, et qui n'est pas là pour savoir qu'il est père. Pour lui, ce sera simple, de nier qu'il est le père. Il y a plus d'un mois qu'ils se sont séparés, et cet homme jaloux l'accusait déjà d'aller voir ailleurs.

Pour lui, ce sera simple. Pour elle c'est déjà compliqué. Dans sa peur d'affronter la vérité, elle a laissé passer le délai légal pour avorter. Avorter, ce mot lui semble un peu comme une injure. Est-ce qu'elle l'a fait consciemment ? Elle ne le sait pas, et à l'heure actuelle le problème n'est pas là. Le problème est qu'il faut choisir.
Le premier choix est d'avoir un enfant illégitime non désiré. De l'assumer, pour le restant de sa vie. De l'élever, seule.
Le deuxième choix est de partir à l'étranger, pour commettre un acte répréhensible aux yeux de la loi française, et contraire aux principes catholiques selon lesquels elle a été élevée.

Un choix déchirant, elle se laisse encore une semaine pour décider. Une semaine à peser le pour et le contre. Une semaine à pleurer, beaucoup.

Finalement, elle gardera l'enfant, même si le père nie en bloc. Est-ce que les principes ont gagné ? Sûrement, c'est difficile d'affronter une double faute religieuse et républicaine.

Et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que si cet enfant elle l'a gardé, c'est parce qu'elle n'a pas voulu l'abandonner, elle.

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Commentaires
J
J'ai été un embryon non voulu, mais avec l'enfance difficile que j'ai subi,j'aurais aimé être prise aux bras comme tout enfant le désire, se faire chérir par la chair de mon sang.<br /> <br /> Et bien non! je n'ai rien eu... J'ai encore l'impression que je n'existe pour personne.<br /> C'est trop dur d'avoir été rejetée par l'être qui nous a mis au monde...d'être adulte et encore se demander pourquoi moi, et non mes soeurs!!<br /> <br /> C'est peut-être de l'égoïsme de ma part de vouloir être absolument aimée...<br /> <br /> Moi j'ai eu trois enfants, et je peux vous affirmer que je les aime d'un amour grandiose, mais je sais que je me sentirais toujours bien, d'avoir donner, car vivre c'est partager, et donner de l'amour pour pouvoir s'élever et percevoir cette sérénité qu'est l'approche de Dieu.<br /> Bonne route à vous et votre amie.<br /> <br /> Jolyne
A
Ce n'est pas si simple, la plupart du temps elle l'assume, et elle l'aime et elle s'occupe de lui. Il y a des jours où elle a l'impression de moins bien s'occuper de lui, quand ses autres difficultés prennent le pas. Mais est-ce que ce n'est pas le problème de beaucoup de parents ? Je suis mal placée pour en juger.<br /> Ce qui est sûr, c'est qu'être seule avec un enfant sans père, ce n'est pas simple...
C
Et là, vois-tu, je ne peux m'empêcher d'être inquiète pour cet enfant. Car, après avoir cherché à vouloir s'en débarrasser, va-t-elle arriver à franchir le pas et à aimer sincèrement son enfant ? Va-t-elle parvenir à mettre de côté son problème personnel de filiation et à ne pas faire porter ce fardeau à son petit ? Vouloir le garder pour ne pas l'abandonner, c'est bien. Encore faut-il ne pas oublier de l'aimer sincèrement. Encore faut-il que cet enfant ne soit pas un prétexte pour qu'elle se sente mieux dans sa peau, mais que cela soit bien un acte d'amour et de construction pour sa vie à lui... <br /> C'est tout ce que je lui souhaite.
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