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La bobine d'Ariane
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La bobine d'Ariane
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20 janvier 2007

Utopie

Cette semaine de travail a été rude.
Ce travail, qui m'a aidée à traverser une période difficile dans ma vie privée, devient maintenant la difficulté à traverser. Vais-je aussi divorcer d'avec mon employeur ? Ce n'est pas le moment.

Je commence à réaliser le fond du malaise de ces deux dernières années. Encore une fois, je confronte mes rêves à la dure réalité. La dernière fois, je n'ai pas supporté de rester avec un mari avec qui je ne partageais plus de valeurs, en qui je ne pouvais plus avoir confiance. En sera-t-il de même avec les gens pour qui je travaille ?

Car il s'agit bien d'une différence de valeurs. La confrontation  entre la rentabilité et l'humanité.

Mon emploi dans l'informatique, c'est un peu comme un entrepreneur qui va voir un client pour construire une 12_Ainoha_villageBasque_2maison. Le client fait des rêves de maison. Il aimerait que les artisans qui travaillent à sa maison anticipent ses rêves, devinent ses désirs, et travaillent vite et bien, sans défauts. Oui, mais. Comprendre ses rêves prend un temps qu'il n'est pas toujours prêt à passer. Et surtout il voudrait que les artisans, ceux qui ont bien travaillé selon ses désirs, restent pour agrandir la maison, redécorent sans arrêt une nouvelle pièce, toujours plus vite. Mon patron, l'entrepreneur, aimerait que le client soit content, qu'il repasse des commandes, et que les artisans aient de nouvelles idées de décoration qu'il pourrait vendre ailleurs. Les artisans, que veulent-ils eux ? Ils aimeraient qu'on leur laisse du temps pour réfléchir avant d'agir, pour éviter d'être obligés de détruire une cloison parce qu'on n'a pas pris le temps de voir qu'il fallait faire passer un tuyau. Ils rêvent d'apprendre de nouvelles techniques, de s'améliorer dans leur métier, parce que c'est intéressant et aussi parce qu'ils auront plus de chance de trouver un nouvel employeur, au cas où. Ils aimeraient qu'on les écoute, parce qu'ils connaissent leur métier, qu'ils ont du coeur et des idées.

Mon patron me demande de synchroniser tout cela, de planifier les demandes du client, de comprendre les demandes des artisans, et d'accepter parfois les siennes de demandes, qui sont parfois de demander encore plus de travail à des artisans déjà bien occupés. Et me voilà au milieu, à tenter de satisfaire l'un et l'autre, à collecter les mécontentements de tout le monde.

Mon client ne comprend pas les désirs d'ouverture des artisans, leur envie d'aller voir ailleurs. Est-ce que pour lui, l'artisan doit déjà être content qu'on l'emploie ? Taillable et corvéable ? Mon employeur veut valoriser les meilleurs profils, favoriser les potentiels, mais comment les artisans peuvent-ils exprimer leur potentiel alors qu'on les gave de travail chez le client ?

Est-ce qu'on pourrait parfois simplement dire merci à quelqu'un qui fait bien son travail, sans toujours lui demander plus de productivité ? Est-ce qu'on pourrait laisser le temps aux gens d'avoir des idées, de faire les choses correctement et d'en tirer de la satisfaction ? Quand j'arrive à prendre deux minutes pour parler avec mes collègues, je comprends leur humanité, leurs idées, mais aussi leurs soucis, leurs inquiétudes. Mais avons nous le temps pour cela ?
Mon travail c'est d'optimiser les plannings. J'en suis bien fatiguée. Cette semaine j'en ai pleuré.

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Commentaires
A
Merci Ann, pour tes encouragements, je crois que tu as bien résumé le point. Souvent le climat dans le travail est une affaire de management. Je vais faire comme tout le monde et ouvrir mon parapluie, je n'aime pas cette manière d'être mais je n'ai pas bien le choix..
A
bonjour !<br /> comme je te comprends !... bien que d'un milieu professionnel complètement différent (banque), j'ai moi aussi de nombreuses fois pesté contre ce système de management, où le plus important, semble t'il, ce soit la dernière ligne sur le compte de résultat, celle du résultat net... Alors que toi tu trimes, finalement tu ne sais pas si tu fais bien, puisque qu'on ne prend que rarement le temps de te parler, ou alors pour te dire que tu dois faire davantage, et peu importe le besoin de tes clients, il faut faire du chiffre, être rentable !!! <br /> mais dans mes années de banque, j'ai rencontré à 2 reprises des "chefs" de valeur, de cette race qui te fait avancer, ceux dont la porte est toujours ouverte et qui te convoquent dans leur bureau quand tu as réussi un bon coup. donc ça existe. Les 2 peuvent cohabiter : résultat et valorisation des personnes. <br /> mais le secrêt, c'est que... tout le monde n'est pas manager ! avoir le carisme de faire avancer une équipe dans un climat de travail et de performance tout en ayant cultivé un esprit de convivilité et de bien être, et bien ils sont peu à pouvoir y prétendre. alors il faut bien chercher...<br /> je te souhaite bon courage, accroche toi, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas.
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